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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/161

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, pendant qu’avec une escorte de quarante hommes armés d’arquebuses et de lances, il alla droit où nous avions trouvé les corps. La puanteur ne lui permit pas d’en approcher ; mais un sentiment de compassion lui fit ordonner à ses gens d’ouvrir une grande fosse pour leur donner la sépulture. En leur rendant ce dernier devoir, on aperçut aux uns des poignards garnis d’or, aux autres des bracelets de même métal. Mahmoud, pénétrant aussitôt la vérité, me conseilla de dépêcher sur-le-champ ma barque au gouverneur de Malacca pour lui apprendre que ces morts étaient des Achémois qui avaient été défaits vraisemblablement près de Ténasserim, dans la guerre qu’ils avaient faite au roi de Siam. Il m’expliqua les raisons qu’il attachait à cette idée. Ceux, me dit-il, auxquels vous apercevez des bracelets d’or sont infailliblement des officiers d’Achem, dont l’usage est de se faire ensevelir avec tous les ornemens qu’ils avaient dans le combat ; et, pour ne m’en laisser aucun doute, il fit déterrer jusqu’à trente-sept cadavres auxquels on trouva seize bracelets d’or, douze poignards fort riches et plusieurs bagues. Nous conclûmes qu’après leur défaite les Achémois étaient venus enterrer leurs capitaines dans l’île de Pizanduray. Ainsi le hasard nous fit trouver un butin de plus de mille ducats, dont Mahmoud se saisit, sans y comprendre ce que ses gens eurent l’adresse de détourner. À la vérité, il le paya fort cher par les maladies que l’in-