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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/162

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fection répandît dans son équipage, et qui lui enlevèrent quelques-uns de ses plus braves soldats. Pour moi, je me hâtai de faire partir ma barque pour informer don Pedro Faria de la route que j’avais suivie, et des conjectures du nécoda.

» Avec ce nouveau motif de confiance, nous remîmes plus librement à la voile vers Ténasserim, où j’avais ordre de chercher plus particulièrement Lancerot Guerreyra. Nous passâmes à la vue d’une petite île nommée Poulohintor, d’où nous vîmes venir une barque qui portait six hommes pauvrement vêtus. Ils nous saluèrent avec des témoignages d’amitié auxquels nous répondîmes par les mêmes signes ; ensuite ils demandèrent s’il y avait quelques Portugais parmi nous. Le nécoda leur ayant répondu qu’il y en avait plusieurs à bord, ils parurent se défier d’un mahométan, et leur chef le pria de leur en faire voir un ou deux sur le tillac. Je ne fis pas difficulté de me montrer. Ils n’eurent pas plus tôt reconnu l’habit de ma nation, qu’étant passés dans la jonque avec de vives marques de joie, ils me présentèrent une lettre que le chef me pria de lire avant toute autre explication. Elle était signée de plus de cinquante Portugais, entre lesquels étaient les noms de Guerreyra et des trois capitaines de son escadre. Ils assuraient tous les Portugais qui liraient cet écrit : « Que l’honorable prince qui l’avait obtenu d’eux était roi de l’île et nouvellement converti à la foi chré-