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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/168

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avaient continué leur route le long de la côte, avec l’espérance de s’avancer jusqu’à la rivière de Cosmin, au royaume de Pégou, et d’y rencontrer le vaisseau de la gomme laque du roi, ou quelque marchand qui retournerait aux Indes. Mais ils avaient été surpris par un vent d’ouest, qui dans l’espace d’une nuit leur avait fait perdre la terre de vue. Ainsi, se trouvant en pleine mer sans voiles, sans rames, et sans aucune connaissance des vents, ils avaient passé seize jours dans cette situation, avec le secours de quelques vivres qu’ils avaient sauvés. L’eau leur avait manqué. Cette privation, d’autant plus dangereuse qu’il leur restait encore de quoi satisfaire leur faim, en avait fait périr douze, que les autres avaient jetés successivement dans les flots. Enfin les trois qui étaient demeurés vivans n’avaient pas eu la force de rendre le même service aux derniers morts.

» Nous continuâmes heureusement notre navigation jusqu’à Ténasserim, d’où nous prîmes par Touay, Merguim, Juncay, Pullo, Camude et Vagarru, sans y rencontrer les cent Portugais que j’avais ordre de chercher. Cependant j’appris avec joie, dans cette dernière place, qu’ils avaient battu quinze fustes d’Achem ; et je crus les conjectures de Mahmoud bien confirmées. Le bruit s’était répandu que la ville de Martaban était assiégée par le roi de Brama avec une armée de sept cent mille hommes, et que Guerreyra s’était engagé au