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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/169

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service de Chambaïna, avec ses quatre fustes et tous les Portugais qu’il avait pu rassembler. Quoique cette nouvelle me parut encore incertaine, je ne balançai point à faire tourner mes voiles vers Martaban, dans l’espérance du moins de recevoir des informations plus sûres aux environs de cette ville. Neuf jours nous firent arriver à la barre : il était deux heures de nuit. Après avoir jeté l’ancre dans une profonde tranquillité, nous entendîmes plusieurs coups d’artillerie qui commencèrent à nous causer de l’inquiétude. Mahmoud fit assembler le conseil. On conclut qu’il y avait peu de danger à s’avancer prudemment dans la rivière. Nous doublâmes à la pointe du jour le cap de Mounay, d’où nous découvrîmes la ville de Martaban.

» Elle nous parut environnée d’un grand nombre de gens de guerre, et les rives étaient bordées d’une multitude infinie de bâtimens à rames. Nous ne voguâmes pas moins jusqu’au port, où nous entrâmes avec beaucoup de précaution. Le nécoda donna les signes ordinaires de paix et de commerce. Nous vîmes bientôt venir à nous un vaisseau fort bien équipé, qui portait six Portugais, dont la vue nous causa beaucoup de joie. Ils nous apprirent que l’armée du roi de Brama était réellement composée de sept cent mille hommes qu’il avait amenés dans une flotte de mille sept cents navires à rames, entre lesquels on comptait cent galères ; que les Portugais, ayant pro-