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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/184

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chemin de Pégou avec son armée, il laissa dans le royaume de Martaban un corps de troupes sous la conduite de Bainha-Chaqué, un de ses principaux officiers. Cayero le suivit avec les sept cents Portugais ; mais il en resta trois ou quatre, entre lesquels était un gentilhomme nommé Gonzalo-Falcan, qui, ayant quitté Chambaïna pour s’attacher au vainqueur, avait obtenu la confiance des Bramas par divers services. Don Pédro de Faria m’avait chargé d’une lettre pour lui ; et le trouvant encore à Martaban lorsque j’y étais arrivé, je n’avais pas fait difficulté de l’informer de ma commission. Il était passé dans le parti du roi de Brama, et les suites du siége avaient suspendu sa perfidie ; mais, après le départ de l’armée, le désir apparemment de s’enrichir tout d’un coup par la dépouille de mon nécoda, ou l’espérance de s’établir mieux que jamais dans la faveur des Bramas, lui fit oublier que j’étais Portugais comme lui, et chargé des intérêts communs de notre nation ; il apprit au nouveau gouverneur de Martaban que j’étais venu de Malacca pour traiter avec Chambaïna, et pour lui offrir du secours. Bainha-Chaqué, de concert peut-être avec lui, me fit arrêter aussitôt ; et s’étant rendu lui-même à la jonque qui m’avait amené, il se saisit de toutes les marchandises. Mahmoud et cent soixante-quatre hommes du bord, entre lesquels on comptait quarante marchands fort riches, mahométans ou gentous, mais tous nés à Malacca, fu-