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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/245

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je remarquai que le buffle sautait beaucoup et qu’il n’était pas moins sauvage que le premier. Je ne balançai point à lui faire couper les pieds avec la hache. Les deux noirs le voyant tomber poussèrent des cris et des hurlemens épouvantables.

» À ce bruit, deux ou trois cents insulaires qui étaient cachés dans le bois en sortirent brusquement et coururent d’abord vers la chaloupe, dans le dessein apparemment de nous couper le passage pour s’assurer la liberté de nous massacrer tous. Trois de nos gens qui avaient fait un petit feu à quelque distance des tentes, pénétrèrent leur projet, et se hâtèrent de nous en donner avis. Je sortis du bois, et, m’étant un peu avancé, je vis quarante ou cinquante de nos ennemis qui se précipitaient vers nous d’un autre côté du même bois. « Tenez ferme, dis-je à nos gens, le nombre de ces misérables n’est pas assez grand pour nous causer de l’épouvante. » Mais nous en vîmes paraître une si grande troupe, la plupart armés de boucliers et d’une sorte d’épées, que, regardant notre situation d’un autre œil, je m’écriai : « Amis, courons à la chaloupe, car si le passage nous est coupé, il faut renoncer à toute espérance. » Nous prîmes notre course vers la chaloupe ; et ceux qui ne purent y arriver assez tôt se jetèrent dans l’eau pour s’y rendre à la nage.

» Nos ennemis nous poursuivirent jusqu’à bord ; malheureusement pour nous, rien n’était