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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/260

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nes, ou sous des huttes de feuilles de palmier. Leur unique fonction dans la société est de garder les bestiaux et les terres. On devient infâme en les fréquentant, et souillé pour s’être approché d’eux à la distance de vingt pas. Les purifications sont indispensables pour ceux qui leur parlent de plus près.

Les princes, les nambouris, les bramines et les naïres peuvent se fréquenter, vivre ensemble et se toucher ; mais personne de ces quatre tribus ne peut prendre la même liberté avec des tribus inférieures sans contracter une tache qui l’oblige de se purifier. Une femme est impure et déshonorée sans retour lorsqu’elle épouse un homme d’une tribu inférieure à la sienne. Elle peut s’allier dans une tribu supérieure. Mais ces lois regardent particulièrement les pouliats. Si quelqu’un des quatre premières tribus rencontre un de ces misérables objets de l’exécration publique, il jette un cri d’aussi loin qu’il peut le voir ; et c’est un signal qui l’oblige de se retirer à l’écart. Au moindre retardement, on a le droit de les tuer d’un coup de flèche ou de mousquet, pourvu que le terroir ne soit pas privilégié, c’est-à-dire consacré à quelque pagode. La vie de ces malheureux paraît si méprisable, qu’un naïre qui veut éprouver ses armes tire indifféremment sur le premier pouliat qu’il rencontre, sans distinction d’âge ou de sexe. Jamais ce meurtre n’est recherché ni puni. Cette liberté de les outrager et de les tuer impunément en a fort