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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/266

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présente un grand nombre de marchands pour acheter celles qui sont condamnées à cette punition.

Dellon observe, comme une circonstance extrêmement singulière, que les hommes de la tribu d’une femme coupable ont droit de tuer pendant trois jours, dans le lieu où le crime s’est commis, et sans distinction d’âge ni de sexe, toutes les personnes qu’ils rencontrent de la tribu du séducteur. Les naïres exercent ce droit barbare sur les tives et les chètes ; ceux-ci sur les maucouas, et les maucouas sur la misérable tribu des pouliats ; mais, pour empêcher qu’il n’y ait trop de sang répandu, on garde ordinairement les coupables pendant huit jours, et ces exécutions sanglantes ne sont permises que du jour de leur supplice. Dans cet intervalle, chacun a le temps et la liberté d’abandonner son village, où les plus timides ne retournent qu’un jour ou deux après l’expiration du terme.

On doit en conclure que l’homicide ne passe pas pour un grand crime entre les Malabares. Outre les pouliats qu’on peut tuer impunément, il est rare qu’on punisse de mort ceux qui tuent des personnes d’une tribu plus élevée, à moins que le meurtre ne soit aggravé par les circonstances ; et, dans ces occasions mêmes, c’est moins la justice que le ressentiment des familles qui règle ordinairement la vengeance. Il n’en est pas de même du larcin : ces peuples en abhorrent jusqu’au nom. Un voleur devient