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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/267

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infâme : il est puni avec tant de sévérité, que souvent le vol de quelques grappes de poivre conduit au supplice. On ne connaît point au Malabar l’usage des prisons pour les criminels : on leur met les fers aux pieds, et, dans cet état, on les garde jusqu’à la décision de leur procès, qui dépend du prince, juge souverain de toutes les affaires civiles et criminelles. Si l’accusation est douteuse et le nombre des témoins insuffisant, on reçoit le serment de l’accusé dans cette forme : il est conduit devant le prince, par l’ordre duquel on fait rougir au feu le fer d’une hache ; on couvre la main de l’accusé d’une feuille de bananier, sur laquelle on met le fer brûlant pour l’y laisser jusqu’à ce qu’il ait perdu sa rougeur, c’est-à-dire l’espace d’environ trois minutes. Alors l’accusé se jette à terre, et présente sa main aux blanchisseurs du roi, qui se tiennent prêts avec une serviette mouillée dans une espèce d’eau de riz que les Indiens nomment cangue, et dont ils l’enveloppent ; ils lient ensuite la serviette avec des cordons dont le prince scelle lui-même les nœuds de son cachet. Elle demeure dans cet état pendant huit jours, après lesquels on découvre en public la main du prisonnier. Lorsqu’elle se trouve saine et sans apparence de brûlure, il est renvoyé absous ; mais s’il y reste la moindre impression du feu, on le conduit sur-le-champ au supplice. C’est par la bouche du prince que l’arrêt est prononcé : l’exécution ne diffère jamais. Si le