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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/376

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à l’industrie, au travail continuel des Gentous, qu’on a cette obligation. Ils creusent dans les champs, de distance en distance, des puits de dix à douze pieds de profondeur, sur le bord desquels ils mettent une espèce de bascule avec un poids en dehors et un grand seau en dedans. Un Gentou monte sur le milieu de la bascule, qu’il fait aller en appuyant alternativement un pied de chaque côté, et chantant sur le même ton, suivant ce mouvement, en malabare, qui est la langue ordinaire du pays, et un, et deux, et trois, etc. pour compter combien il a tiré de seaux. Aussitôt que ce puits est tari il passe à un autre. En général, cette nation est d’une adresse étonnante pour la distribution et le ménagement de l’eau. Elle en conserve quelquefois dans des étangs, des lacs et des canaux, après le débordement des grandes rivières, telles que le Coltam, qui n’est pas éloigné de Pondichéry. Les mahométans, auxquels on donne ordinairement le nom de Maures, sont aussi fainéans que les Gentous sont laborieux.

La ville de Pondichéry est à quarante ou cinquante toises de la mer, dont le reflux sur cette côte ne s’élève jamais plus de deux pieds. C’est une simple rade où les vaisseaux ne peuvent aborder. On emploie des bateaux pour aller recevoir ou porter des marchandises à la distance d’une lieue en mer ; extrême incommodité pour une ville où rien ne manque d’ailleurs à la douceur de la vie. Les alimens y sont à très-vil prix. On y fait bonne chère en grosse