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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/375

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pagodes, que les rois du pays leur ont fait conserver, avec la liberté du culte pour les bramines, gens pauvres, mais occupés sans cesse au travail, qui font toute la richesse de la ville et du pays. Leurs maisons n’ont ordinairement que huit toises de long sur six de large, pour quinze ou vingt personnes, et quelquefois plus. Elles sont si obscures, qu’on a peine à comprendre qu’ils aient assez de jour pour leur travail. La plupart sont tisserands, peintres en toiles ou orfévres. Ils passent la nuit dans leurs cours ou sur le toit, presque nus et couchés sur une simple natte : ce qui leur est commun, à la vérité, avec le reste des habitans ; car Pondichéry étant au 12e. degré de latitude septentrionale, et par conséquent dans la zone torride, non-seulement il y fait très-chaud, mais pendant toute l’année il n’y pleut que sept ou huit jours vers la fin d’octobre. Cette pluie, qui arrive régulièrement, est peut-être un des phénomènes les plus singuliers de la nature.

Les meilleurs ouvriers gentous ne gagnent pas plus de deux sous dans leur journée ; mais ce gain leur suffit pour subsister avec leurs femmes et leurs enfans. Ils ne vivent que de riz cuit à l’eau, et le riz est à très-bon marché. Des gâteaux sans levain, cuits sous la cendre, sont le seul pan qu’ils mangent, quoiqu’il y ait à Pondichéry d’aussi bon pain qu’en Europe. Malgré la sécheresse du pays, le riz, qui ne croît pour ainsi dire que dans l’eau, s’y recueille avec une prodigieuse abondance ; et c’est