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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/385

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ou six mille hommes, et que Daoust avait cru digne de sa confiance. Ce prince fut bientôt corrompu par les promesses et par l’argent des Marattes. Les bramines levèrent ses difficultés en lui représentant que le succès de cette guerre pouvait ruiner le mahométisme et rétablir la religion de leurs pères. Il consentit à livrer le passage. Les Marattes, continuant d’amuser le nabab par de légères attaques, y firent marcher leurs troupes et s’en saisirent le 19 mai. De là, ils trouvèrent si peu d’obstacles au dessein de le surprendre par-derrière, qu’ils s’approchèrent à deux portées de canon avant qu’il se défiât de son malheur. Lorsqu’on vint l’informer qu’il paraissait du côté d’Arcate un corps de cavalerie qui s’avançait vers le camp, il s’imagina que c’étaient les troupes de son gendre qui venaient le joindre ; mais il entendit aussitôt de furieuses décharges de mousqueterie, et la présence du danger lui fit ouvrir les yeux sur la trahison.

Aly-Khan, son second fils, et tous ses officiers généraux, montant aussitôt sur leurs éléphans, se défendirent avec autant d’habileté que de valeur. Mais ils furent accablés d’un si grand feu et d’une si terrible décharge de frondes, que tout ce qu’il y avait de gens autour d’eux périt à leurs pieds ou prit la fuite. Le nabab et son fils, blessés de plusieurs coups, tombèrent morts de leurs éléphans, et leur chute répandit tant de frayeur dans l’armée, que la déroute devint générale. La plupart des offi-