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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/40

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lui-même deux coups de sabre sur la tête et un troisième sur le bras. Après cette sanglante victoire, il fit mettre à la voile, dans la crainte d’être poursuivi. Nous allâmes mouiller le soir sous une petite île déserte, où le partage du butin se fit tranquillement. On trouva dans la jonque cinq cents bahars de poivre, soixante de sandal, quarante de noix muscades et de macis, quatre-vingts d’étain, trente d’ivoire, et d’autres marchandises qui montaient, suivant le cours du commerce, à la valeur de soixante-dix mille ducats. La plus grande partie de l’artillerie était portugaise. Entre quantité de meubles et d’habits de notre nation, nous fûmes surpris de voir des coupes, des chandeliers, des cuillères et de grands bassins d’argent doré. C’était la dépouille de Sardinha, de Juan Oliveyra, et de Barthélemi de Matos, trois de nos plus braves officiers, dont les vaisseaux avaient été la proie du corsaire. Mais la vue de tant de richesses ne diminua point notre compassion pour neuf petits enfans âgés de six à huit ans, qui furent trouvés dans un coin, enchaînés par les mains et les pieds.

» Le lendemain Faria, prenant plus de confiance que jamais à sa fortune, ne fit pas difficulté de retourner vers la côte d’Aynan, où il ne désespérait pas encore de rencontrer Coja-Acem. Cependant, quelques pêcheurs de perles dont il reçut des rafraîchissemens dans la baie de Camoy, lui annoncèrent l’approche d’une flotte chinoise ; et le prenant d’ailleurs pour