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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/41

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un négociant, malgré quelques soupçons qu’ils ne purent cacher à la vue des étoffes et des meubles précieux qu’ils voyaient entre les mains de ses soldats, ils lui firent une peinture si rebutante des obstacles qu’il trouverait à la Chine, où son dessein était d’aller vendre effectivement ses marchandises, qu’il résolut de chercher quelque autre port. Ses vaisseaux étaient déjà si chargés, qu’il leur arrivait souvent d’échouer sur des bancs de sable dont cette mer est remplie. Cependant il était attendu par de nouveaux obstacles à l’embouchure de la rivière de Tanauquir.

» Pendant qu’il s’efforçait d’y entrer, sur l’espérance que les pêcheurs de Camoy lui avaient donnée d’y trouver un bon port, il fut attaqué par deux grandes jonques, qui descendaient cette rivière à la faveur du vent et de la marée. Leur première salve fut de vingt-six pièces d’artillerie ; et se trouvant presque sur nous avant que nous eussions pu les découvrir, elles nous abordèrent avec une redoutable nuée de dards et de flèches. Nous n’évitâmes cette tempête qu’en nous retirant sous le demi-pont, d’où Faria nous fit amuser les ennemis à coups d’arquebuse pendant l’espace d’une demi-heure, pour leur donner le temps d’épuiser leurs munitions. Mais quarante de leurs plus braves gens sautèrent enfin sur notre bord, et nous mirent dans la nécessité de les recevoir. Le combat devint si furieux, que le tillac fut bientôt couvert de morts. Faria