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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/401

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Cette réponse est un modèle de noblesse et de modération. Le dernier mot est sublime.

Les précautions que cette lettre annonçait au général des Marattes n’étaient pas une fausse menace ; la ville était bien fournie de munitions de guerre et de bouche, et l’on n’y comptait pas moins de quatre à cinq cents pièces d’artillerie. Le gouverneur avait fait descendre tous les équipages des vaisseaux qui se trouvaient dans la rade ; il avait armé les employés de la compagnie, et tous les habitans français, dont il avait formé un corps d’infanterie qu’on exerçait tous les jours au service du canon et de la mousqueterie. Enfin il avait choisi parmi les Indiens ceux qui étaient en état de porter les armes, ce qui lui fit environ douze cents Européens, et quatre à cinq mille pions, Malabares ou mahométans. Quoique dans l’occasion il y ait peu de fond à faire sur ces troupes indiennes, la garde qu’on leur faisait monter sur les bastions et sur les courtines soulageait beaucoup la garnison.

On demeura ainsi sous les armes jusqu’au mois d’avril 1741. Le général des Marattes employa ce temps à ravager ou à subjuguer tous les pays voisins ; plus occupé néanmoins à faire du butin qu’à prendre des places pour les conserver. Trichenapaly fut celle qui lui opposa le plus de résistance. C’est une ville forte pour les Indes. Elle est environnée d’un bon mur, qui est flanqué d’un grand nombre de tours, avec une fausse braie, ou double enceinte, et