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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/402

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un large fossé plein d’eau. Les Marattes, après l’avoir entièrement investie, ouvrirent la tranchée le 15 décembre, et formèrent quatre attaques, qu’ils poussaient vigoureusement en sapant les murailles sous des galeries fort bien construites. Sander-Saheb commençait à s’y trouver extrêmement pressé. Bara-Saheb, son frère, qui défendait le Maduré avec quelques troupes, partit à la tête de sept ou huit mille chevaux pour se jeter dans la ville, et ce secours aurait pu forcer les barbares de lever le siége. Mais ayant appris sa marche, ils envoyèrent au-devant de lui un corps de vingt mille cavaliers et dix mille pions, qui taillèrent en pièces sa petite armée. Il périt lui-même après s’être glorieusement défendu. Son corps fut apporté au général des Marattes, qui parut touché de la perte d’un homme extrêmement bien fait, et qui s’était signalé par une rare valeur. Il l’envoya couvert de riches étoffes à Sander-Saheb son frère pour lui rendre les honneurs de la sépulture. Ce triste événement découragea les assiégés. Ils manquaient depuis long-temps d’argent, de vivres et de munitions. Sander-Saheb, réduit à l’extrémité, prit le parti de se rendre ; et le vainqueur, content de sa soumission, lui laissa la vie et la liberté : mais ayant pris possession de la place le dernier jour d’avril 1741, il en abandonna le pillage à son armée.

Pendant le siége, il avait fait marcher du côté de la mer un détachement de quinze ou