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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/411

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jedo, un des plus grands seigneurs de Portugal, conçut le dessein d’une fort audacieuse entreprise. Le véritable comte de Sarjedo, qui était alors à Lisbonne, était fils d’un ancien vice-roi des Indes orientales, et qui s’y était fait aimer par la douceur de son gouvernement. Il avait laissé à Goa un fils naturel qu’il avait enrichi par ses bienfaits, et qui tenait un rang distingué parmi les Portugais des Indes.

C’était avec le fils légitime de ce vice-roi que l’aventurier avait une parfaite ressemblance. Louis de Mendoze Furtado gouvernait alors les Indes. Mais son terme étant expiré, on attendait de jour en jour à Goa qu’il lui vînt un successeur de Lisbonne ; et le bruit s’était déjà répandu que don Pèdre, régent de Portugal, pensait à nommer pour cet emploi le jeune comte de Sarjedo, dont le père l’avait rempli avec tant de succès et d’approbation. L’aventurier portugais, voulant profiter de cette circonstance, partit de Lisbonne, se rendit à Londres, y prit un équipage de peu d’éclat et s’embarqua avec deux valets de chambre qui ne le connaissaient pas, sur un vaisseau de la compagnie d’Angleterre, qui avait ordre d’aborder à Madras. Il était convenu de prix avec le capitaine pour son passage et pour celui de ses gens, et le paiement avait été fait d’avance. Il avait fait provision des petites commodités qui sont nécessaires sur mer, et qui servent à gagner l’affection des matelots, telles que de l’eau-de-vie, du vin d’Espagne