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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/42

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fit des prodiges de valeur. Les Indiens, commençant à se refroidir par leur perte, qui était déjà de vingt-six hommes, vingt Portugais prirent ce moment pour se jeter dans la jonque de leurs ennemis, où cette attaque imprévue leur fit trouver peu de résistance. Ainsi, la victoire se déclarant pour eux sur l’un et l’autre bord, ils pensèrent à secourir Borralho, qui était aux prises avec la seconde jonque. Faria lui porta sa fortune avec l’exemple de son courage. Enfin les deux jonques tombèrent en son pouvoir. Il en avait coûté la vie à quatre-vingts Indiens ; et par une faveur extraordinaire du ciel, il ne se trouva parmi les morts qu’un seul Portugais et quatorze hommes d’équipage, quoique les blessés fussent en très-grand nombre. Les deux jonques appartenaient aux corsaires chinois.

» Le butin fut estimé environ quarante mille taëls. On trouva dans les deux jonques dix-sept pièces d’artillerie de bronze aux armes de Portugal. Quoique ces deux bâtimens fussent très-bons, Faria se vit obligé d’en faire brûler un, faute de matelots pour le gouverner. Le lendemain il voulut tenter encore une fois d’entrer dans la rivière ; mais quelques pêcheurs qu’il avait pris pendant la nuit l’avertirent que le gouverneur de cette province avait toujours été d’intelligence avec le corsaire qui lui cédait le tiers de ses prises pour obtenir sa protection, dont il jouissait depuis long-temps. Cette nouvelle nous fit prendre le parti de cher-