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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/71

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Ensuite, nous ayant tous rassemblés, et jugeant de l’effroi de nos ennemis par la tranquillité qui régnait autour des murs, il nous accorda une demi-heure pour le pillage. Ce temps fut si bien employé, que le moindre de nos soldats partit chargé de richesses. Quelques-uns emmenèrent de fort belles filles liées quatre à quatre avec les mèches des mousquets. Enfin, l’approche de la nuit pouvant nous exposer à quelque désastre, Faria fit mettre le feu à la ville ; elle était bâtie de sapin et d’autres bois si faciles à s’embraser, que la flamme s’y étant bientôt répandue, nous nous retirâmes tranquillement dans nos jonques à la faveur de cette lumière.

» Après une si glorieuse expédition, Faria prit deux partis, qui font autant d’honneur à sa conduite que tant d’exploits doivent en faire à sa valeur ; l’un, d’enlever toutes les provisions que nous pûmes trouver dans les villages qui bordaient la rivière, parce qu’il était à craindre qu’on ne nous en refusât dans tous les ports ; l’autre, d’aller passer l’hiver dans une île déserte nommée Poulo-Hinhor, où la rade et les eaux sont excellentes ; parce que nous ne pouvions aller droit à Liampo sans causer beaucoup de préjudice aux Portugais qui venaient hiverner paisiblement dans ce port avec leurs marchandises. Le premier de ces deux projets fut exécuté le jour suivant ; mais le second fut retardé par un obstacle qui devint pour nous une nouvelle source de richesse et de gloire.