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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/72

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Nous fûmes attaqués entre les îles de Gomolem et la terre, par un corsaire nommé Prémata Goundel, ennemi juré de notre nation, qui, nous prenant néanmoins pour des Chinois, avait compté sur une victoire facile. Ce combat, où nous enlevâmes une de ses jonques, nous valut quatre-vingt mille taëls ; mais il coûta la vie à quantité de nos plus braves gens, et Faria y reçut trois dangereuses blessures. Nous nous retirâmes dans la petite île de Buncalon, qui n’était qu’à trois ou quatre lieues vers l’ouest, et nous y passâmes dix-huit jours, pendant lesquels nos blessés furent heureusement rétablis.

» On se détermina à gouverner vers les ports de Liampo. Le Portugal avait alors dans cette ville le même établissement que nous eûmes ensuite à Macao, c’est-à-dire qu’ayant obtenu la liberté d’y exercer le commerce, la nation y jouissait d’une parfaite tranquillité sous la protection des lois. On comptait déjà dans le quartier portugais plus de mille maisons, qui étaient gouvernées par des échevins, des auditeurs, des consuls et des juges, avec autant de confiance et de sûreté qu’à Lisbonne.

» Faria vit bientôt arriver sur la flotte tout ce qu’il y avait de Portugais distingués dans la ville, avec des présens considérables et les mêmes témoignages de respect qu’ils auraient pu rendre à leur propre roi. Ses malades furent logés dans les maisons les plus riches et magnifiquement traites ; mais ce n’était que