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lui raconta des merveilles d’une île nommée Calempluy, où il l’assura que dix-sept rois de la Chine étaient ensevelis dans des tombeaux d’or. Il lui fit une si belle peinture des idoles du même métal, et d’une infinité d’autres trésors que les monarques chinois avaient rassemblés dans cette île, que, s’étant offert à lui servir de pilote, il le détermina facilement à tenter une si grande aventure. En vain ses meilleurs amis lui en représentèrent le danger ; la guerre qui occupait les Chinois lui parut un temps favorable. Similau lui conseilla d’abandonner ses jonques, qui étaient de trop haut bord et trop découvertes pour résister aux courans du golfe de Nankin ; d’ailleurs ce corsaire ne voulait ni beaucoup de vaisseaux ni beaucoup d’hommes, dans la crainte de se rendre suspect ou d’être reconnu sur des rivières très-fréquentées. Il lui fit prendre deux panoures, qui sont une espèce de galiotes, mais un peu plus élevées. L’équipage fut borné à cinquante-six Portugais, quarante-huit matelots et quarante-deux esclaves.

» Au premier vent que Similau jugea favorable, nous quittâmes le port de Liampo. Le reste du jour et la nuit suivante furent employés à sortir des îles d’Angitour, et nous entrâmes dans des mers où les Portugais n’avaient point encore pénétré. Le vent continua de nous favoriser jusqu’à l’anse des pêcheries de Nankin. De là nous traversâmes un golfe de quarante lieues, et nous découvrîmes une