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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/77

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renaissant avec ses doutes, il fit de nouvelles questions à Similau sur une entreprise que nous commencions à traiter d’imprudence. « Seigneur capitaine, lui dit cet audacieux corsaire, si j’avais quelque chose de plus précieux que ma tête, je vous l’engagerais volontiers. Le voyage que je m’applaudis de vous avoir fait entreprendre est si certain pour moi, que je n’aurais pas balancé à vous donner mes propres enfans, si vous aviez exigé cette caution. Cependant je vous déclare encore que, si les discours de vos gens sont capables de vous inspirer quelque défiance, je suis prêt à suivre vos ordres. Mais, après avoir formé un si beau dessein, serait-il digne de vous d’y renoncer ? et si l’effet ne répondait pas à mes promesses, ma punition n’est-elle pas entre vos mains ? »

» Ce langage était si propre à faire impression sur Faria, que, promettant de s’abandonner à la conduite du corsaire, il menaça de punir ceux qui le troubleraient par leurs murmures. Nous nous remîmes en mer. Treize jours d’une navigation assez paisible, pendant lesquels nous ne perdîmes point la terre de vue, nous firent arriver dans un port nommé Buxipalem, à 49 degrés de hauteur. Ce climat nous parut un peu froid. Nous y vîmes des poissons et des serpens d’une si étrange forme, que ce souvenir me cause encore de la frayeur. Similau, qui avait déjà parcouru tous ces lieux, nous fit des peintures incroyables de ce qu’il y