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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/78

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avait vu et de ce qu’il y avait entendu pendant la nuit, surtout aux pleines lunes de novembre, décembre et janvier, qui sont le temps des grandes tempêtes ; et nous vérifiâmes par nos propres yeux une partie des merveilles qu’il nous avait racontées. Nous vîmes dans cette mer des raies auxquelles nous donnâmes le nom de peixes mantas, qui avaient plus de quatre brasses de tour et le museau d’un bœuf ; nous en vîmes d’autres qui ressemblaient à de grands lézards, moins grosses et moins longues que les autres, mais tachetées de vert et de noir, avec trois rangs d’épines fort pointues sur le dos, de la grosseur d’une flèche. Elles se hérissent quelquefois comme des porcs-épics, et leur museau, qui est fort pointu, est armé d’une sorte de crocs d’environ deux pans de longueur, que les Chinois nomment puchissucoens, et qui ressemblent aux défenses d’un sanglier. D’autres poissons que nous aperçûmes ont le corps tout-à-fait noir et d’une prodigieuse grandeur. Pendant deux nuits que nous passâmes à l’ancre, nous fûmes continuellement effrayés par la vue des baleines et des serpens qui se présentaient autour de nous, et par les hennissemens d’une infinité de chevaux marins dont le rivage était couvert. Nous nommâmes ce lieu la rivière des serpens. Quinze lieues plus loin, Similau nous fit entrer dans une baie beaucoup plus belle et plus profonde, qui se nomme Calindamo, environnée de montagnes fort hautes et d’épaisses forêts, au