Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/131

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Orientaux, avec trois des principaux seigneurs de la cour. Ils avaient devant eux cinq grands plats de riz de différentes couleurs, du vin d’Espagne, de l’eau-de-vie, et plusieurs espèce de sorbets. Aussitôt que Tavernier eut salué le roi, en lui faisant présent d’un anneau de diamans, et d’un petit bracelet de diamans, de rubis et de saphirs bleus, ce prince lui commanda de s’asseoir, et lui fit donner une tasse d’eau-de-vie, qui ne contenait pas moins d’un demi-setier. Il parut étonné du refus que Tavernier fit de toucher à cette liqueur ; et lui ayant fait servir du vin d’Espagne, il ne tarda guère à se lever, dans l’impatience de voir les joyaux. Il alla s’asseoir dans un fauteuil dont le bois était doré comme les bordures de nos tableaux, et qui était placé sur un petit tapis de Perse d’or et de soie. Son habit était une pièce de toile, dont une partie lui couvrait le corps depuis la ceinture jusqu’aux genoux, et le reste était rejeté derrière son dos en manière d’écharpe. Il avait les pieds et les jambes nus. Autour de sa tête une sorte de mouchoir à trois pointes formait un bandeau. Ses cheveux, qui paraissaient fort longs, étaient liés par-dessus. On voyait à côté du fauteuil une paire de sandales, dont les courroies étaient brodées d’or et parsemées de petites perles. Deux de ses officiers se placèrent derrière lui avec de gros éventails dont les bâtons étaient longs de cinq à six pieds, terminés par un faisceau de plumes de paon, de la grosseur d’un ton-