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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/142

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rêtera qu’à celles qui ne lui sont pas communes avec les autres voyageurs. Il est persuadé, dit-il, que ce n’est pas l’air ni la chaleur qui causent la noirceur des Cafres. Une jeune fille, qui avait été prise à sa mère dès le moment de sa naissance, et nourrie ensuite parmi les Hollandais, était aussi blanche que les femmes de l’Europe. Un Français lui avait fait un enfant ; mais la compagnie ne voulut pas souffrir qu’il l’épousât, et le punit même par la confiscation de huit cents livres de ses gages. Cette fille dit à Tavernier que les Cafres ne sont noirs que parce qu’ils se frottent d’une graisse composée de plusieurs simples ; et que, s’ils ne s’en frottaient souvent, ils deviendraient hydropiques. Il confirme par le témoignage de ses yeux que les Cafres ont une connaissance fort particulière des simples, et qu’ils en savent parfaitement l’application. De dix-neuf malades qui se trouvaient sur son vaisseau, la plupart affligés d’ulcères aux jambes, ou de coups reçus à la guerre, quinze furent mis entre leurs mains, et se virent guéris en peu de jours, quoique le chirurgien de Batavia n’eût fait espérer leur guérison qu’en Europe. Chaque malade avait deux Cafres qui le venaient panser ; c’est-à-dire qui, apportant des simples, suivant l’état des ulcères ou de la plaie, les appliquaient sur le mal après les avoir broyés entre deux cailloux. Pendant le séjour de Tavernier, quelques soldats, ayant été commandés pour une expédition, et s’é-