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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/143

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tant avancés dans le pays, firent pendant la nuit un grand feu, moins pour se chauffer que pour écarter les lions : ce qui n’empêcha point que, pendant qu’ils se reposaient, un lion ne vînt prendre un d’entre eux par le bras. Il fut tué aussitôt d’un coup de fusil ; mais on fut obligé de lui ouvrir la gueule avec beaucoup de peine, pour en tirer le bras du soldat qui était percé de part en part. Les Cafres le guérirent en moins de douze jours. Tavernier conclut du même événement que c’est une erreur de croire que les lions soient effrayés par le feu. Il vit dans le fort hollandais quantité de peaux de lions et de tigres, mais avec moins d’admiration que celle d’un cheval sauvage tué par les Cafres, qui est blanche, traversée de raies noires, picotée comme celle d’un léopard, et sans queue. À deux ou trois lieues du fort, quelques Hollandais trouvèrent un lion mort, avec quatre pointes de porc-épic dans le corps, dont les trois quarts entraient dans la chair ; ce qui fit juger que le porc-épic avait tué le lion. Comme le pays est incommodé par la multitude de ces animaux, les Hollandais emploient une assez bonne invention pour s’en garantir. Ils attachent un fusil à quelque pieu bien planté, avec un morceau de viande retenu par une corde attachée à la détente. Lorsque l’animal saisit la viande, cette corde se bande, tire la détente et fait partir le coup, qui lui donne dans la gueule ou dans le corps. Ils n’ont pas moins d’industrie