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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/166

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d’argent qui entre dans l’empire mogol, et qui n’en sort point, il est surprenant, dit-il, de n’y en pas trouver plus qu’ailleurs dans les mains des particuliers ; on ne peut disconvenir que les toiles et les brocarts d’or et d’argent qui s’y fabriquent sans cesse, les ouvrages d’orfèvrerie, et surtout les dorures, n’y consomment une assez grande partie de ces espèces ; mais cette raison ne suffit pas seule. Il est vrai encore que les Indiens ont des opinions superstitieuses qui les portent à déposer leur argent dans la terre, et à faire disparaître les trésors qu’ils ont amassés. Une partie des plus précieux métaux retourne ainsi ; dans l’Indoustan, au sein de la terre dont on les avait tirés dans l’Amérique ; mais ce qui paraît contribuer le plus à la diminution des espèces dans l’empire mogol, c’est la conduite ordinaire de la cour. Les empereurs amassent de grands trésors, et quoiqu’on n’ait accusé que Schah-Djehan d’une avarice outrée, ils aiment tous à renfermer dans des caves souterraines une abondance d’or et d’argent qu’ils croient pernicieuse entre les mains du public, lorsqu’elle y est excessive. C’est donc dans les trésors du souverain que tout ce qui se transporte d’argent aux Indes par la voie du commerce va fondre, comme à son dernier terme. Ce qu’il en reste après avoir acquitté tous les frais de l’empire n’en sort guère que dans les plus pressans besoins de l’état ; et l’on doit conclure que Nadir-Schah n’avait pas réduit