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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/236

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que les Indiens gentous n’y entendent rien. La raison en est simple : ils n’ouvrent jamais de corps d’hommes ni d’animaux. Cependant ils ne laissent pas d’assurer qu’il y a cinq mille veines dans le corps humain, avec autant de confiance que s’ils les avaient comptées.

À l’égard de l’astronomie, ils ont leurs tables, suivant lesquelles ils prévoient les éclipses. Si ce n’est pas avec toute la justesse des astronomes de l’Europe, ils y parviennent à peu près ; mais ils ne laissent pas de joindre à leurs lumières de ridicules fables. Ce sont des monstres qui se saisissent alors du soleil ou de la lune, et qui l’infectent. Leurs idées de géographie ne sont pas moins choquantes. Ils croient que la terre est plate et triangulaire ; qu’elle a sept étages, tous différens en beautés, en habitans, dont chacun est entouré de sa mer ; que, de ces mers, une est de lait, une autre de sucre, une autre de beurre, une autre de vin, etc. ; qu’après une terre vient une mer, et une mer après une terre, et que chaque étage a différentes perfections, jusqu’au premier qui les contient toutes.

Si toutes ces rêveries, observe Bernier, sont les fameuses sciences des anciens brachmanes des Indes, on s’est bien trompé dans l’idée qu’on en a conçue. Mais il avoue que la religion des Indes est d’un temps immémorial ; qu’elle s’est conservée dans la langue sanscrite, qui ne peut être que très-ancienne, puisqu’on ignore son origine, et que c’est une langue