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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/254

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tonne le plus, c’est de voir que vous ayez eu l’imprudence de vous engager dans une entrevue avec moi qui suis en guerre avec vous, et que vous ne sachiez pas que la plus grande faute d’un souverain est de se mettre à la discrétion de son ennemi. Si, ce qu’à Dieu ne plaise, j’avais quelque mauvais dessein sur vous, comment pourriez-vous vous en défendre ? Maintenant je connais assez vos sujets pour savoir que, grands et petits, ils sont tous des lâches, ou même des traîtres. Mon dessein n’est pas de vous enlever la couronne : je veux seulement voir votre capitale, m’y arrêter quelques jours, et retourner ensuite en Perse. » En achevant ces mots, il mit la main sur l’Alcoran, et fit serment de tenir sa parole.

Mohammed-Schah, qui ne s’attendait point à ce langage, parut l’écouter avec beaucoup d’étonnement ; mais les dernières déclarations le jetèrent dans une consternation qui le fit croire près de s’évanouir. Il changea de couleur, sa langue devint immobile ; son esprit se troubla. Cependant, après avoir un peu réfléchi sur le danger dans lequel il s’était jeté, il rompit le silence pour demander la liberté de retourner dans son camp. Nadir-Schah la lui refusa, et le mit sous la garde d’Abdoul-Baki-Khan, un de ses principaux officiers. Cette nouvelle répandit une affreuse consternation dans toute l’armée indienne. L’itimadoulet et tous les omhras passèrent la nuit