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pour rendre les derniers devoirs à chacun suivant leur religion ; mais, dans la crainte que le moindre délai ne fit recommencer le massacre, ils firent à la hâte, les uns des fosses dans les marchés, où ils enterrèrent leurs amis pêle-mêle, les autres des bûchers, où ils les brûlèrent sans distinction. On n’eut pas le temps, jusqu’au départ des Persans, de penser à ceux qui avaient été tués dans des lieux fermés, et ce fut alors un spectacle horrible de voir tirer des maisons les cadavres à moitié pouris. Seid-Khan et Chehsourah-Khan, l’un parent du visir, l’autre de Karan-Khan, qui avait été tué à la bataille, furent accusés avec Reimany, chef des tchoupdars ou des huissiers de l’empereur, d’avoir tué dans le tumulte un grand nombre de personnes. Nadir-Schah leur fit ouvrir le ventre ; l’ordre fut exécuté sous les yeux de Nizam-oul-Moulk et du visir, qui avaient employé inutilement tout leur crédit pour les sauver.

Nadir-Schah se fit apporter d’Audih le trésor de Scadet-Khan, qui montait à plus de dix laks de roupies. Mound-Khan fut envoyé au Bengale pour se saisir de la caisse des impôts. Nizam-oul-Moulk et le visir eurent ordre de remettre la caisse militaire, qui était d’un krore de roupies lorsqu’ils étaient sortis de îa capitale pour marcher contre les Persans ; ils furent sommés aussi de faire venir de leurs gouvernemens les fonds qu’ils y avaient en propre, et ceux qui appartenaient à l’empe-