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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/262

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axé à de grosses sommes, entre les mains de Serboulend-Khan, avec ordre d’employer les tourmens pour se faire payer ; mais il se délivra de cette vexation par une mort violente.

Nadir-Schah, n’épargnant pas même les morts, mit garnison dans les palais de quantité d’omhras qui avaient perdu la vie au combat de Kiernal. Il tira de leurs héritiers un krore de roupies. Comme la ville ne cessait pas d’être investie, les habitans qui entreprenaient de se soustraire aux vexations par la fuite tombaient entre les mains des troupes persanes, et périssaient sans pitié. Bientôt on manqua de vivres, et la famine augmenta les maux publics. Plusieurs étrangers, préférant le danger d’être maltraités par les Persans au supplice de la faim, se jetèrent en corps aux pieds de Nadir-Schah pour lui demander du pain. Il se laissa toucher par leurs prières, et leur permit d’aller chercher du blé pour leur subsistance du côté de Férid-Abad ; mais, faute de voitures, ils étaient obligés de l’apporter sur leurs têtes.

Enfin Nadir-Schah se fit ouvrir le trésor impérial et le garde-meuble, auxquels on n’avait pas touché depuis plusieurs règnes. Il en tira des sommes inestimables en pierreries, en or, en argent, en riches étoffes, en meubles précieux, parmi lesquels il n’oublia pas le trône du paon, évalué à neuf krores ; et toutes ces dépouilles furent envoyées à Kaboul sous de fidèles escortes. Alors, pour se