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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/301

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pereur et les omhras s’étaient fait précéder d’une partie du bagage et des marchands. Les seigneurs nommés pour le voyage avaient ordre de partir chacun à leur tour, comme le seul moyen d’éviter la confusion pendant cinq jours de cette dangereuse marche, et tout le reste de la cour, avec l’artillerie et la plus grande partie des troupes, devaient passer trois Ou quatre mois comme en garnison dans le camp de Bember, jusqu’au retour du monarque, qui se proposait d’attendre la fin des chaleurs.

Le rang de Danech-Mend-Khan étant marqué pour la nuit suivante, Bernier partit à sa suite. Il n’eut pas plus tôt monté ce qu’il appelle l’affreuse muraille haute, escarpée du monde, c’est-à-dire une haute montagne noire et pelée, qu’en descendant de l’autre côté, il sentit un air plus frais, plus doux et plus tempéré. Mais rien ne le surprit tant dans ces montagnes que de se trouver tout d’un coup comme transporté des Indes en Europe. En voyant la terre couverte de toutes nos plantes et de tous nos arbrisseaux, à l’exception néanmoins de l’hysope, du thym, de la marjolaine et du romarin, il se crut dans certaines montagnes d’Auvergne, au milieu d’une forêt de sapins, de chênes verts, d’ormeaux, de platanes ; et son admiration était d’autant plus vive, qu’en sortant des campagnes brûlantes de l’Indoustan, il n’avait rien aperçu qui l’eût préparé à cette métamorphose.