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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/319

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ble pendant la nuit, lorsqu’on a mis par dessous la nappe une infinité de lampions, qui, s’ajustant dans les petites niches du mur, font une curieuse illumination. D’Achiavel, Bernier ne craignit pas de se détourner encore pour visiter un autre jardin royal, dans lequel on trouve les mêmes agrémens ; mais l’on y voit un canal rempli de poissons qui viennent lorsqu’on les appelle, et dont les plus grands ont au nez des anneaux d’or avec des inscriptions. On attribue cette singularité à la fameuse Nour-Mehallé, épouse favorite de Djehan-Ghir, aïeul d’Aureng-Zeb.

Danech-Mend, fort satisfait du récit de Bernier, lui fit entreprendre un autre voyage pour aller voir un miracle si certain, qu’il se promettait de voir Bernier bientôt converti au mahométisme. « Va-t’en, lui dit-il, à Baramoulay. Tu y trouveras le tombeau d’un de nos fameux pires ou saints derviches, qui fait des miracles continuels pour la guérison des malades qui s’y rassemblent de toutes parts. Peut-être ne croiras-tu rien de toutes ces opérations miraculeuses que tu pourras voir ; mais tu ne résisteras pas à l’évidence de celle qui se renouvelle tous les jours, et qui se fera devant tes yeux. Tu verras une grosse pierre ronde que l’homme le plus fort peut à peine soulever, et que onze dervis néanmoins, après avoir adressé leur prière au saint, enlèvent comme une paille, du seul bout de leurs onze doigts. » Bernier se mit