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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/324

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de les réduire. Bernier apprit des mêmes marchands qu’entre des montagnes encore plus éloignées qui ne dépendent plus du royaume de Cachemire, il se trouve d’autres contrées fort agréables, peuplées d’hommes blancs et bien faits, mais qui ne sortent jamais de leur patrie. Un vieillard, qui avait épousé une fille de l’ancienne maison des rois des Cachemire, lui raconta que, dans le temps que Djehan-Ghir avait fait rechercher tous les restes de cette malheureuse race, la crainte de tomber entre ses mains l’avait fait fuir avec trois domestiques au travers des montagnes, sans savoir où il allait ; qu’après avoir erré dans cette solitude, il s’était trouvé dans un fort bon canton, où les habitans, ayant appris sa naissance, l’avaient reçu avec beaucoup de civilités, et lui avaient fait des présens ; que, mettant le comble à leurs bons procédés, ils lui avaient amené quelques-unes de leurs plus belles filles, le priant d’en choisir une, parce qu’ils souhaitaient d’avoir de son sang ; qu’étant passé dans un autre canton peu éloigné, on ne l’avait pas traité avec moins de considération ; mais que les habitans lui avaient amené leurs propres femmes, en lui disant que leurs voisins avaient manqué d’esprit lorsqu’ils n’avaient pas considéré que son sang ne demeurerait pas dans leur maison, puisque leurs filles emporteraient l’enfant avec elles dans celle de l’homme qu’elles épouseraient.