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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/115

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Je crus manquer à la prononciation ou à l’idiome même des gens de cour. Je m’expliquai en portugais par un interprète ; mais je ne pus rien tirer du gouverneur, ni d’aucun de ses officiers. À peine osaient-ils prononcer entre eux et fort secrètement le nom du roi. Quand je fus arrivé à Louvo, je racontai à M. Constance l’embarras où je m’étais trouvé en demandant des nouvelles du roi de Sîam, sans avoir pu obtenir aucune réponse : J’ajoutai que le trouble de ceux auxquels je m’étais adressé, et la peine qu’ils avaient eue à me répondre, m’avaient causé beaucoup d’inquiétude, dans la crainte qu’il ne fut arrivé à la cour quelque changement considérable. Il me répondit qu’on avait été fort étonné de mes questions, parce qu’elles étaient contraires aux usages des Siamois, auxquels il est si peu permis de s’informer de la santé du roi leur maître, que la plupart ne savent pas même son nom propre : et que ceux qui le savent n’oseraient le prononcer ; qu’il n’appartient qu’aux mandarins du premier ordre de prononcer un nom qu’ils regardent comme une chose sacrée et mystérieuse ; que tout ce qui se passe au dedans du palais est un secret impénétrable aux officiers du dehors, et qu’il est rigoureusement défendu de rendre public ce qui n’est connu que des personnes attachées au service du roi dans l’intérieur du palais ; que la manière de demander ce que je voulais savoir était de m’informer du gouverneur si la cour était tou-