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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/155

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ils étaient si animés que, l’ayant trouvé, ils le percèrent de mille coups.

» De retour au fort, j’assemblai tous les mandarins pour me concerter avec eux sur le parti qu’il y avait à prendre par rapport aux autres Macassars. Il fut résolu qu’on assemblerait le plus de troupes qu’on pourrait, et que nous leur donnerions la chasse, dès que nous serions informés du lieu de leur retraite. Je trouvai que le nombre de nos morts, dans cette malheureuse journée, se montait à trois cent soixante-six hommes. Les ennemis n’en avaient perdu que dix-sept, savoir : six dans le petit fort, six aux environs du couvent des talapoins, et cinq sur le champ de bataille.

» Le lendemain de mon arrivée au fort, je reçus avis qu’un des six Macassars qui avaient combattu dans le pavillon n’était pas mort : quelques soldats siamois l’avaient saisi, et, de peur qu’il ne leur échappât, ils en avaient fait comme un peloton à force de le lier. J’allai le voir pour le questionner et pour en tirer, s’il était possible, quelques éclaircissemens. Ce démon (car la force et la patience humaines ne vont pas si loin) avait passé toute la nuit dans la fange, blessé de dix-sept coups de lance. Je lui fis quelques questions ; mais il me répondit qu’il ne pouvait me satisfaire qu’auparavant je l’eusse fait détacher. Il n’y avait pas à craindre qu’il échappât. J’ordonnai au sergent français que j’avais mené avec moi de le délier. Celui-ci posa sa hallebarde contre un arbre