Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/158

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lui en témoigner du ressentiment ; je lui écrivis donc simplement pour lui faire un détail bien circonstancié de tout ce qui m’était arrivé. Je l’avertis en même temps de prendre garde au reste des Macassars qui étaient retranchés dans leur camp, et de profiter de mon exemple. Ayant reçu ma relation, il fit entendre au roi tout ce qu’il voulut ; et comme je m’étais sans doute trop bien conduit à son gré, il me répondit par une lettre pleine de reproches, m’accusant d’imprudence et d’avoir été la cause de tout ce massacre ; il finissait en me donnant ordre, non d’arrêter les Macassars comme la première fois, mais d’en faire mourir autant que je pourrais.

» Je n’avais pas attendu ses instructions sur ce point. Dès le lendemain de notre déroute, ayant encore assemblé tous les mandarins, je leur avais distribué des troupes avec ordre de se tenir sur les avenues, pour empêcher que les ennemis, qui avaient gagné les bois, ne revinssent jeter de nouveau l’épouvante sur le bord de la rivière, qui est l’endroit le plus habité du pays, et celui où ils pouvaient faire le plus de ravage.

» Quinze jours après, j’appris qu’ils avaient paru à deux lieues de Bancok : j’y accourus avec quatre-vingts soldats, que j’embarquai dans mon ballon, le pays étant encore inondé. J’arrivai fort à propos pour rassurer les peuples : j’y trouvai plus de quinze cents personnes qui fuyaient devant vingt-quatre ou vingt-cinq