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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/157

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ils seraient invulnérables ; qu’un point particulier de leur créance, qui consiste à être persuadés que tous ceux qu’ils pourront tuer sur la terre, hors les mahométans, seront autant d’esclaves qui les serviront dans l’autre monde, ne contribuait pas peu à les rendre cruels et intrépides. Enfin ils ajoutèrent qu’on leur imprimait si fortement dès l’enfance ce qu’on appelle le point d’honneur, qui se réduit parmi eux à ne se rendre jamais, qu’il n’y avait point d’exemple qu’aucun y eût encore contrevenu. Pleins de ces idées, ils ne demandent ni ne donnent jamais de quartier ; dix Macassars, le cric à la main, attaqueraient cent mille hommes. Il n’y a pas lieu d’en être surpris : des gens imbus de tels principes ne doivent rien craindre, et ce sont des hommes bien dangereux. Ces insulaires sont d’une taille médiocre, basanés, agiles et vigoureux ; leur habillement consiste en une culotte fort étroite, une chemisette de coton, blanche ou grise, un bonnet d’étoffe bordé d’une bande de toile large d’environ trois doigts : ils vont les jambes nues, les pieds dans des babouches, et se ceignent les reins d’une écharpe, dans laquelle ils passent leur arme diabolique. Tels étaient ceux à qui j’avais eu affaire, et qui me tuèrent misérablement tant de monde.

» Je rendis compte à Constance de cette malheureuse aventure. Quoique sa manœuvre ne m’eût que trop manifesté sa mauvaise volonté à mon égard, je crus qu’il ne convenait pas de