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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/173

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mouvement. Ces trois secousses furent très-rudes : on crut le vaisseau crevé. On courut à la poupe. Cependant, comme il n’était pas encore entré une seule goutte d’eau, l’équipage fut un peu ranimé.

» On s’efforça de sortir d’un si grand danger en coupant les mâts et en déchargeant le vaisseau ; mais on n’en eut pas le temps. Les flots que le vent poussait au rivage y portèrent aussi le bâtiment Des montagnes d’eau qui s’allaient rompre sur les brisans avancés dans la mer soulevaient le vaisseau jusqu’aux nues, et le laissaient retomber tout d’un coup sur les roches avec tant de vitesse et d’impétuosité, qu’il n’y put résister long-temps. On l’entendait craquer de tous côtés. Les membres se détachaient les uns des autres, et l’on voyait cette grosse masse de bois s’ébranler, plier et se rompre de toutes parts, avec un fracas épouvantable. Comme la poupe avait touché la première, elle fut aussi la première enfoncée. En vain les mâts furent coupés, et les canons jetés à la mer, avec les coffres et tout ce qui tombait sous la main pour soulager le corps du bâtiment ; il toucha si souvent que, s’étant ouvert enfin sous la sainte-barbe, l’eau qui entrait en abondance eut bientôt gagné le premier pont et rempli la sainte-barbe. Elle monta jusqu’à la grande chambre ; et peu de temps après elle était à la hauteur de la ceinture au second pont.

» À cette vue, il s’éleva de grands cris. Cha-