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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/201

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Après un peu de délibération, nous nous déterminâmes à suivre ces guides dans quelque lieu qu’ils voulussent nous mener, par la raison qu’il ne pouvait rien nous arriver de pire que ce que nous avions déjà souffert, et que la mort même était le remède de tant de malheurs qui nous rendaient la vie si insupportable. Cependant, nous cessâmes bientôt de prendre ces Hottentots pour des espions, en reconnaissant qu’ils n’étaient pas si simples que les premiers, et qu’ils avaient quelque liaison avec les Européens. Ils avaient apporté un quartier de mouton, que la faim nous obligea de leur demander. Ils nous firent connaître que nous l’obtiendrions pour de l’argent ; et jugeant par nos signes que nous n’en avions pas, ils nous témoignèrent qu’ils accepteraient nos boutons qui étaient d’or et d’argent. Je leur en donnai six d’or : ils m’abandonnèrent aussitôt le quartier de mouton, que je fis griller, et que je partageai ensuite avec mes compagnons.

» Ces guides inconnus nous pressaient fort de les suivre. Ils marchaient quelque temps devant nous, et notre lenteur paraissant leur causer de l’impatience, ils revenaient à nous pour nous exciter. Nous avions quitté l’étang vers midi. Ils nous menèrent camper au pied d’une hauteur. Le chemin avait été fort rude : de quinze que nous étions encore, sept se trouvèrent si accablés de misère et de fatigue, que le lendemain, lorsqu’il fallut partir, il leur fut impossible de faire usage de leurs jambes.