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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/237

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des insectes grillés ou rôtis. Siam n’a pas d’autre boucherie, ni d’autre lieu où l’on rôtisse. Le roi faisait donner aux Français la volaille et les autres animaux en vie. En général, toutes les viandes y sont coriaces, peu succulentes et fort indigestes. Les Européens mêmes qui passent quelque temps dans le pays en perdent insensiblement le goût ; il semble qu’à proportion que les climats sont plus chauds, la sobriété y devienne naturelle. Le gibier n’est pas moins en sûreté parmi les Siamois que les bestiaux et les animaux domestiques ; ils ne prennent plaisir ni à le tuer ni à lui ôter la liberté ; ils haïssent les chiens qui leur serviraient à le prendre ; d’ailleurs la hauteur des herbages et l’épaisseur des forêts leur rendent la chasse difficile. S’ils tuent des cerfs et d’autres bêtes, c’est pour en vendre les peaux aux Hollandais, qui en font un grand commerce au Japon. On doit juger que le prix des viandes n’est pas excessif à Siam. Une vache n’y vaut que dix sous dans les provinces, et un écu dans la capitale. Si le mouton se vend quatre écus, et le cabri deux ou trois écus, c’est que les Maures en font leur principale nourriture. Un porc n’y vaut que sept sous, parce que les Maures n’en mangent point. Les poules y valent environ vingt sous la douzaine. Tous les volatiles y multiplient d’autant plus facilement, que la chaleur du climat suffit presque seule pour les faire éclore.

Malgré la sobriété qui règne parmi les Sia-