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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/239

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naires que le peuple attribue aux sortiléges. Les maux nés de la débauche y sont assez répandus, sans que les habitans paraissent informés s’ils sont anciens ou récens dans leur pays.

Entre plusieurs autres maux contagieux, celui qui mérite d’être regardé proprement comme la peste du pays, est la petite-vérole : elle fait souvent d’affreux ravages ; alors les Siamois enterrent les corps sans les brûler. Mais comme leur piété les porte toujours à rendre ce dernier honneur aux morts, ils les déterrent par la suite pour les consumer par le feu. Laloubère observe qu’ils laissent passer trois ans, et quelquefois plus, avant cette religieuse cérémonie. L’expérience, disent-ils, leur a fait connaître que cette contagion recommence lorsqu’ils déterrent un cadavre infecté.

La distinction la plus générale entre les Siamois est celle des personnes libres et des esclaves. On peut naître esclave ou le devenir. On le devient, ou pour dettes, ou pour avoir été pris dans une guerre, ou pour avoir été confisqué en justice : celui qui n’est esclave que pour dettes redevient libre en payant ; mais les enfans nés pendant l’esclavage de leurs parens demeurent dans l’ordre de leur naissance. On naît esclave lorsqu’on sort d’une mère esclave ; et dans l’esclavage, les enfans se partagent comme dans le divorce : le premier, le troisième, le cinquième et tous les autres