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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/280

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de Siam lui ayant volé quelque argent, ce prince ordonna que pour supplice on lui fit avaler trois ou quatre onces d’argent fondu. Il arriva que celui qui eut ordre de les ôter de la gorge du coupable mort ne put se défendre d’en dérober une partie. Le roi fit traiter ce second voleur comme le premier. Un troisième ne résista point à la tentation du même crime, c’est-à-dire qu’il déroba une partie de l’argent qu’il tira de la gorge du dernier mort. Le roi de Siam, en lui faisant grâce de la vie, dit : « C’est assez ; je ferais mourir tous mes sujets l’un après l’autre, si je ne me déterminais une fois à pardonner. »

La bonne foi règne pourtant, dit-on, dans le commerce ; mais l’usure est sans bornes : les lois n’y ont pas pourvu. L’avarice est le vice essentiel des Siamois ; avec cette odieuse aggravation qu’ils n’amassent des richesses que pour les enfouir. Ils ont d’ailleurs de la douceur, de la politesse, et peu d’inquiétude pour les événemens de la vie ; ils se possèdent long-temps ; mais, lorsqu’une fois leur colère s’allume, ils ont peut-être moins de retenue que les Européens. C’est principalement par la calomnie qu’ils exercent leurs haines secrètes et leurs vengeances. Ils ont horreur de l’effusion du sang ; cependant, si leur haine va jusqu’à la mort, ils assassinent ou ils empoisonnent.

La timidité, l’avarice, la dissimulation, la taciturnité et l’inclination au mensonge sont