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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/298

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qu’il prend moins, comme on l’a déjà fait remarquer, par incontinence que par affectation de grandeur et de magnificence. Les Siamois ont été surpris qu’un aussi puissant roi que celui de France n’eût qu’une femme et qu’il n’eût pas d’éléphans.

La reine a ses éléphans, ses ballons et des officiers qui les gouvernent ; mais elle n’est vue que de ses femmes et de ses eunuques. Dans les promenades qu’elle fait en ballon ou sur un éléphant, elle est dans une chaise fermée de rideaux, qui lui laissent la vue libre, mais qui l’empêchent d’être vue ; et ceux qui se rencontrent sur son passage doivent se prosterner. Elle a ses magasins, ses vaisseaux et ses finances ; elle exerce le commerce.

Les filles ne succèdent point à la couronne : à peine sont-elles au rang des personnes libres. L’héritier présomptif, suivant les lois, devrait toujours être le fils aîné de la reine. Mais, comme les Siamois ont peine à supporter qu’entre les princes du même rang le plus âgé se prosterne devant le plus jeune, il arrive souvent que l’aîné de tous les fils du roi obtient la préférence. Un voyageur assure que c’est la force qui en décide presque toujours. Les rois mêmes contribuent à rendre la succession incertaine, parce qu’au lieu de choisir constamment le fils aîné de la reine, ils suivent leur penchant pour le fils d’une maîtresse à laquelle ils ont donné leur affection.

Le royaume de Siam n’a point de chan-