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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/324

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dent le crucifix comme une image parfaite du châtiment de Thévathat ; et lorsqu’un missionnaire entreprend de leur expliquer les articles de notre foi, ils lui répondent qu’ils n’ont pas besoin de ses instructions ; et qu’ils savent déjà tout ce qu’il croit leur apprendre.

On lit dans les écrits de Sammono-khodom que, depuis qu’il avait aspiré à devenir dieu, il était revenu cinq cent cinquante fois au monde sous différentes figures ; que dans chaque renaissance il avait toujours été le premier, et comme le prince des animaux sous la figure desquels il naissait ; que souvent il avait donné sa vie pour ses sujets, et qu’étant singe, il avait délivré une ville d’un monstre horrible qui la désolait par ses ravages ; qu’il avait été un roi très-puissant ; qu’avant d’avoir obtenu le souverain domaine de l’univers, il s’était retiré avec sa femme et ses deux enfans dans des solitudes écartées, où il était mort au monde et à ses passions, jusqu’à souffrir sans émotion qu’un bramine qui voulait éprouver sa constance lui enlevât son fils et sa fille, et les tourmentât devant lui ; qu’il avait donné sa femme à un pauvre qui lui demandait l’aumône, et qu’enfin, après s’être crevé les yeux, il s’était sacrifié lui-même en distribuant sa chair aux animaux pour les soulager dans une faim pressante. Telles sont les actions vertueuses dont les talapoins proposent l’imitation au peuple.

Dans son apothéose, son âme monta au