Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/325

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

huitième ciel, pour n’être plus sujette aux misères humaines, et pour y jouir d’une félicité parfaite ; elle ne renaîtra jamais. Ce que les Siamois nomment anéantissement, n’est pas une véritable destruction ; mais une âme ne paraît plus sur la terre quoiqu’elle vive au ciel. Le corps de Sammono-khodom fut brûlé, et ses disciples ont conservé jusqu’à présent ses os, dont une partie est dans le royaume de Siam, et l’autre dans celui du Pégou. On leur attribue des vertus merveilleuses. Avant sa mort, il ordonna qu’on fît son portrait, et qu’on lui rendît sans cesse les honneurs dus à sa divinité.

Toute sa loi est comprise, comme la nôtre, dans dix préceptes, mais beaucoup plus sévères. Les circonstances et la nécessité même n’excusent pas le péché. Plusieurs articles qui ne sont parmi nous que de perfection et de conseil, passent chez les Siamois pour des commandemens indispensables. L’usage de toute liqueur capable d’enivrer leur est interdit. Le vin ne leur est pas permis dans les plus pressans besoins. Ils ne peuvent tuer aucun animal ; ils ont des préceptes de propreté et de bienséance qu’ils ne respectent pas moins que ceux de la vertu.

Sans vœu, sans aucun lien qui attache les talapoins à leur condition, ils sont assujettis au plus rigoureux joug de l’obéissance et de la chasteté. Laloubère y a joint même celui de la pauvreté ; car il leur est défendu d’avoir plus