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des topazes et des perles. Les mineurs et les marchands y apportaient de toutes parts ce qu’ils avaient de plus précieux, parce que la vente y était libre ; au lieu que dans leur pays ils ne pouvaient rien montrer de beau sans s’exposer à l’avidité de leurs princes, qui employaient la violence pour se rendre maîtres du prix. À la vérité, les Portugais des Indes ont pour les perles un poids particulier qu’ils nomment chegos, et dont nulle autre nation ne fait usage en Asie, en Amérique, ni même en Europe ; mais, quoiqu’ils vendent les perles à ce poids dans tous les lieux où ils commandent, ils ne laissent pas de les acheter par carats, par katis ou par abas, suivant les lieux d’où les marchands les apportent.

C’est dans la presqu’île en-deçà du Gange que se font les plus belles étoffes de soie et de coton qui nous viennent des Indes ; et quoiqu’on recueille de la soie et du coton dans presque toutes les parties de l’Orient, il semble que la perfection de ce travail soit surtout le partage des habitans de cette vaste contrée.

« Il n’y a point de pays dans les Indes, dit Tavernier, où le travail des soies s’exerce avec plus de constance et d’habileté que dans le royaume de Guzarate, surtout dans les deux cantons de Surate et d’Amedabad ; il s’y fait non-seulement toutes sortes d’étoffes, mais diverses espèces de beaux tapis, soie et or, ou soie or et argent, ou tout de soie. Les chites ou toiles de coton peintes, qu’on nomme