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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/67

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ou dix-huit gros vaisseaux de la compagnie hollandaise.

Le lundi, 26 août, les deux vaisseaux français sortirent de la rade de Batavia avec un vent favorable : ils eurent le même jour un sujet d’alarme extraordinaire. Entre huit et neuf heures du soir, la nuit étant assez obscure, ils aperçurent tout d’un coup, à deux portées de mousquet un gros navire qui venait sur eux vent arrière. Les gens du principal vaisseau crièrent en vain ; ils ne reçurent point de réponse. Cependant, comme le vent était assez fort, ce navire fut bientôt sur eux. Sa manœuvre leur fit juger d’abord qu’il venait les prendre en flanc, et voyant ses deux basses voiles carguées comme dans le dessein de combattre, ils ne doutèrent point qu’en les abordant il ne leur tirât toute sa bordée. Cette surprise les troubla un peu. Tout le monde se rendit sur le pont. L’ambassadeur voyant ce navire attaché au sien par son mât de beaupré, qui avançait sur le château de poupe, tandis qu’aucun ennemi ne paraissait, jugea qu’on n’avait pas dessein de l’attaquer. Il se contenta de faire tirer quelques coups de mousquet, pour apprendre à des inconnus, dont il admirait l’imprudence, à se tenir plus soigneusement sur leurs gardes. Leur navire endommagea le couronnement du vaisseau français, et se détacha de lui-même sans qu’il parût un seul de leurs matelots. Après quantité de raisonnemens sur cette étrange aven-