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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/70

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se coucha sur le rivage, accablé de tristesse, de fatigue et, de sommeil. « Alors, soit qu’il fût endormi ou qu’il eût les yeux ouverts, car il a protesté plus d’une fois au père Tachard qu’il l’ignorait lui-même, il crut voir une personne pleine de majesté, qui, le regardant d’un œil favorable, lui dit avec beaucoup de douceur ; Retourne, retourne sur tes pas. » Ce songe releva son courage. Le lendemain, lorsqu’il se promenait sur le bord de la mer, occupé des moyens de retourner à Siam, il vit paraître un homme dont les habits étaient fort mouillés, et qui s’avança vers lui d’un air triste et abattu : c’était un ambassadeur du roi de Siam, qui, revenant de Perse, avait fait naufrage dans la même tempête, et qui n’avait sauvé que sa vie. La langue siamoise, qu’ils parlaient tous deux, leur servit à se communiquer leurs aventures. Dans l’extrême nécessité où l’ambassadeur était réduit, Constance lui offrit de le reconduire à Siam ; il acheta de ces deux mille écus une barque et des vivres. Ce secours, rendu avec autant de diligence que de générosité, charma l’ambassadeur, et ne lui permit plus de s’occuper que de sa reconnaissance.

En arrivant à Siam, il ne put raconter son naufrage au barcalon, qui est le premier ministre du royaume, sans relever le mérite de son bienfaiteur. La curiosité de voir Constance produisit un entretien qui fit goûter son esprit au barcalon, et la confiance succéda bien-