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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/69

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capitale. Le gouverneur de Bancock, Turc de nation, apprenant que l’ambassadeur du roi de France était à la rade, se hâta de faire partir un exprès pour la cour. Mais on y avait déjà reçu cet avis de la côte de Coromandel, par une lettre adressée au seigneur Constance, alors ministre d’état. Tachard éclaircit l’origine et la fortune de ce célèbre aventurier.

Il se nommait proprement Constantin Phaulkon, et c’est ainsi qu’il signait. Il était Grec de nation, né à Céphalonie, d’un noble vénitien, fils du gouverneur de cette île, et d’une fille des plus anciennes familles du pays. La mauvaise conduite de ses parens ayant dérangé leur fortune, il sentit, dès l’âge de douze ans, qu’il n’avait rien d’heureux à se promettre que de son industrie. Il s’embarqua sur un vaisseau anglais qui retournait en Angleterre. Son esprit et l’agrément de ses manières lui firent obtenir quelque faveur à Londres ; mais ne la voyant pas répondre à ses espérances il s’engagea au service de la compagnie d’Angleterre pour passer aux Indes. Après avoir été employé à Siam pendant quelques années, il résolut, avec le peu de bien qu’il avait acquis, de faire le commerce à ses propres frais. Il équipa un vaisseau, qui fut repoussé deux fois, par le mauvais temps, vers l’embouchure de la rivière de Siam, et qui périt enfin par le naufrage sur la côte de Malabar. Constance, n’ayant sauvé que son argent, qui consistait en deux mille écus, seul reste de sa fortune,